On imagine souvent qu’une reconversion c’est comme d’un voyage linéaire, avec un point de départ et une destination claire. Mais dans la réalité, ce n’est pas toujours aussi simple. Parfois, c’est bien plus sinueux avec des ajustements, des détours et des remises en question.
Mon parcours de reconversion n’a pas été de tout repos. Après avoir quitté un CDI pour créer ma propre activité et exercer le métier de mes rêves, j’ai dû reprendre momentanément une activité salariée. Est-ce un échec pour autant ?
Le saut vers l’entrepreneuriat : suivre ses aspirations
Pendant 11 ans, j’ai travaillé dans la même entreprise, changeant de poste à cinq reprises dans l’espoir de trouver enfin ma place. Mais rien n’y faisait. Peu importe les missions, cette sensation persistante de ne pas être à ma place me collait à la peau. Mon travail ne m’épanouissait pas, je m’ennuyais et malgré mes efforts pour m’adapter, l’absence de perspectives d’évolution me pesait de plus en plus. Le seul service qui m’intéressait vraiment – le service formation – a fini par fermer après le départ à la retraite de la dernière formatrice. Ce fut un signal de plus que je ne pouvais plus ignorer : il était temps de changer.
Alors, j’ai pris une décision qui mijotait en moi depuis un moment. J’ai décidé de me reconvertir pour me rapprocher de ce que j’aimais vraiment faire : accompagner et transmettre.
Ce n’était pas un coup de tête. Pendant mes études, j’avais donné des cours particuliers pendant cinq ans et j’avais adoré ça. Et plus tard, j’ai eu l’opportunité de former et d’accompagner des salariés en CDD. Ce fut une révélation. Ces moments-là me donnaient de l’énergie, du sens et je me sentais pleinement à ma place.
Mais oser quitter un CDI, n’a pas été simple. Il m’a fallu du temps pour franchir le pas. La sécurité de l’emploi, la peur de l’inconnu, les doutes sur mes compétences… toutes ces questions tournaient en boucle dans ma tête. Heureusement, l’envie de créer l’activité professionnelle de mes rêves a fini par prendre le dessus. J’ai sauté le pas, pleine d’espoir et super motivée, prête à me lancer dans cette nouvelle aventure professionnelle.
Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Ce que l’on ne nous dit pas toujours, c’est que se faire connaître, surtout en tant qu’indépendant, demande énormément de temps, d’énergie… et de patience. Les mois passaient et je commençais à douter de ma capacité à créer une activité économiquement viable. Je me suis mise une pression énorme pour réussir, au point de me créer des blocages. Je passais plus de temps à prospecter, à créer du contenu sur les réseaux sociaux, qu’à faire ce que j’aimais vraiment : coacher et accompagner.
Petit à petit, je me suis éloignée de ce qui m’animait.
Mais je refusais d’abandonner. J’avais investi tant de temps, d’énergie et d’argent dans ce projet que l’idée même de tout laisser tomber m’était insupportable. Pourtant, une petite voix dans ma tête murmurait que je n’allais pas dans la bonne direction. Et je sentais bien quelque chose n’allait pas. Mais je refusais de l’admettre et tentait de me persuader qu’il fallait persévérer.
Quand la réalité m’a rattrapée :
Puis, du jour au lendemain, tout s’est arrêté.
Je ne m’y attendais pas. Une hospitalisation en urgence pour de graves problèmes de santé m’a brutalement coupée dans mon élan. Pendant les premières 48 heures, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées. Mon corps me lâchait, j’étais épuisée et je ne savais même pas quand j’allais pouvoir sortir de l’hôpital.
Forcée à un repos total pendant trois mois, j’ai dû mettre mon activité sur pause. Pas de plan B, pas de préavis, juste le vide. Au début, je ne voulais même plus entendre parler d’entrepreneuriat. J’étais déçue et en colère même. Comment avais-je pu en arriver là ? J’avais tout donné : mon temps, mon énergie, mes économies. Et pourtant, malgré tous mes efforts, je me retrouvais sans rien. J’avais l’impression d’avoir tout perdu.
Je me sentais complètement déboussolée. Tout ce qui m’avait motivée jusque-là semblait n’avoir plus de sens. Je ne savais plus ce que je voulais, ni même ce qui comptait vraiment pour moi. Je n’avais plus envie d’avancer. Chaque jour, je me réveillais avec cette sensation oppressante de ne plus savoir dans quelle direction aller.
Pourtant, il fallait que je trouve une solution, rapidement. Les factures continuaient d’arriver et j’avais besoin de retrouver une source de financement. Mais envisager de reprendre un emploi salarié me semblait inconcevable. J’avais l’impression de revenir en arrière, d’avoir fait tout ça pour rien. Cette idée me pesait. J’avais l’impression d’être en échec.
Le poids de la culpabilité : reprendre un emploi salarié
C’est pourquoi, quand l’idée de reprendre un emploi salarié a commencé à germer dans mon esprit, je l’ai tout de suite rejetée. Après tout, j’avais quitté un CDI pour ne plus jamais y revenir. Reprendre un poste salarié, c’était comme admettre que j’avais échoué. Que je n’étais pas capable de réussir seule. Que tous ces mois de travail, tous ces sacrifices… n’avaient servi à rien.
Je me sentais tiraillée entre deux réalités : d’un côté, mes besoins financiers urgents et de l’autre, cette sensation que retourner à un emploi salarié m’obligerait à laisser tomber mon rêve.
Heureusement la vie a mis sur mon chemin deux entrepreneurs qui, eux aussi avaient, à un moment de leur parcours, dû reprendre un emploi salarié. Pas parce qu’ils avaient échoué. Pas parce qu’ils avaient abandonné. Mais parce que c’était ce qu’il leur fallait à ce moment-là pour mieux rebondir. Leur histoire m’a rassurée et fait déculpabiliser. Pour la première fois, je me suis autorisée à voir les choses autrement : reprendre un emploi salarié, ce n’est pas abandonner. C’est se donner les moyens de faire une pause, de reprendre son souffle, de retrouver de la stabilité pour mieux avancer ensuite. C’est reculer pour mieux sauter.
Peu à peu, cette idée a fait son chemin en moi. Et au lieu d’y voir un échec, j’ai commencé à la percevoir comme une opportunité. Une opportunité de me recentrer, d’apaiser mes finances et surtout, de prendre le temps de repenser mon projet professionnel avec plus de sérénité.
Finalement, j’ai sauté le pas. J’ai accepté de reprendre un poste salarié, non pas comme un renoncement, mais comme une étape de plus dans mon parcours. Une étape nécessaire pour me reconstruire et préparer la suite.
Redéfinir la réussite : un parcours non linéaire
Reprendre un emploi salarié ne m’a pas éloignée de mon projet. Au contraire, cette pause m’a permis de prendre du recul et de mieux comprendre ce qui n’allait pas dans ma première aventure entrepreneuriale. En mettant un pied en dehors de mon activité, j’ai pu voir plus clairement ce qui me tenait vraiment à cœur et ce qui, au contraire, ne me correspondait plus.
Avec le temps, j’ai compris une chose essentielle : un parcours de reconversion n’est jamais linéaire. On aime croire qu’il suffit de prendre une décision, de suivre un plan bien défini et que tout s’enchaînera parfaitement. Mais la réalité est souvent bien différente. Il y a des détours, des pauses, des remises en question… et c’est normal. Chaque expérience, chaque étape, même les plus difficiles, contribue à nous rapprocher un peu plus de ce qui nous correspond vraiment.
Cette période de retour au salariat m’a offert un espace pour respirer, me recentrer et repenser mon avenir professionnel avec plus de sérénité. J’ai réalisé que ce que j’aimais profondément, c’était accompagner les personnes dans leur quête de sens professionnel, mais que la façon dont je le faisais devait évoluer. Ce n’est pas parce qu’une première tentative ne fonctionne pas comme prévu qu’elle est un échec. C’est simplement un ajustement sur le chemin.
Aujourd’hui, forte de ces expériences, j’accompagne des adultes en reconversion, avec une compréhension plus profonde de ce qu’ils traversent. Parce que je sais ce que c’est de se sentir perdu, de douter, de ne plus savoir dans quelle direction aller. Et je sais aussi que chaque détour, chaque pause, chaque décision difficile fait partie du chemin.
Reprendre un emploi salarié ne signifie pas renoncer à ses rêves. Cela peut être une étape stratégique, une parenthèse nécessaire pour mieux rebondir. La réussite ne se mesure pas à la linéarité de votre parcours, mais à votre capacité à rester à l’écoute de vous-même, à vous adapter et à avancer à votre rythme.
Changer de regard sur son parcours : chaque étape a du sens
Quand on parle de reconversion ou d’entrepreneuriat, on imagine souvent un parcours idéal, une trajectoire ascendante où chaque étape nous rapproche de notre objectif final. Mais la réalité est bien plus nuancée. Ce que j’ai compris à travers mon expérience, c’est que chaque détour, chaque pause, chaque “retour en arrière” apparent fait partie intégrante du chemin.
Reprendre un emploi salarié m’a permis de comprendre que le succès ne se mesure pas uniquement à travers l’indépendance ou la stabilité financière. Il se mesure aussi à travers la capacité à écouter ses besoins : celui de retrouver un équilibre financier, celui de souffler après une période difficile, celui de redéfinir ses priorités.
Il n’y a pas de honte à revenir à un emploi salarié, pas plus qu’il n’y a de honte à changer d’avis ou à ajuster ses plans. Votre parcours vous appartient. Ce qui compte, ce n’est pas la ligne droite que vous suivez, mais la cohérence entre vos choix et ce que vous ressentez au fond de vous.
C’est cette prise de conscience qui m’a aidée à sortir de la culpabilité. J’ai compris que reprendre un emploi n’était pas un échec, mais une étape logique dans un parcours riche en apprentissages. Et ces apprentissages, je les transmets aujourd’hui aux personnes que j’accompagne, pour qu’elles aussi puissent avancer en paix avec leur parcours.
Conclusion : Le plus important, c’est d’avancer à son rythme
Si je devais retenir une leçon de mon parcours, ce serait celle-ci : il n’y a pas de chemin tout tracé. La reconversion, l’entrepreneuriat, le retour au salariat… tout cela fait partie d’un même voyage vers une vie professionnelle plus épanouissante. Ce qui compte, ce n’est pas la route que vous prenez, mais le fait d’être en mouvement, d’apprendre à chaque étape et surtout de vous respecter dans vos choix.
Reprendre un emploi salarié ne veut pas dire que vous abandonnez vos rêves. Cela peut être un moyen de les nourrir autrement, de les laisser mûrir avant de revenir plus fort. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de réussir. Il y a votre façon.
Alors si vous êtes à un carrefour, si vous doutez, si vous hésitez à faire un pas de côté… rappelez-vous que vous n’êtes pas seul(e). Vous n’êtes pas en échec. Vous êtes simplement en train de construire un parcours unique, à votre image.
Et parfois, le plus beau des succès, c’est de savoir s’arrêter, écouter, et repartir dans la bonne direction, avec un regard neuf et des forces renouvelées.
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